5@8 Créatif – Montréal : 3e centre mondial de

production d’effets spéciaux

cinématographiques. Pourquoi et comment?

Par :

Romain Rampa

 Suite au 5@8 Créatif de Mosaic du 30 mars 2016:

3e centre mondial de production d’effets spéciaux cinématographiques. Pourquoi et

comment?

Présentation: Émilie Dussault

Saviez-vous que Montréal est un fleuron mondial dans le domaine du digital et du multimédia ?

La métropole est reconnue pour être le 3e pôle du jeu vidéo, mais elle est aussi le 3e pôle dans les effets visuels. Dans une industrie qui pèse 1,3 milliard de dollars et 20.000 emplois au Canada, Montréal est avec Vancouver l’un des écosystèmes mondiaux les plus fertiles, affichant une croissance annuelle moyenne de plus de 25% depuis 2013. Personne à Montréal n’était mieux placé qu’Émilie Dussault, Directrice Générale de MPC, pour nous parler de la recette d’un tel succès, des raisons qui expliquent cette croissance et des particularités des processus créatifs d’une firme reconnue mondialement pour ses effets spéciaux.

Au côté de Sylvain Lafrance, professeur associé à HEC Montréal et directeur du pôle médias, la conférence commence par une discussion sur l’évolution de l’industrie des médias qui ne s’est jamais portée aussi bien, mais n’a jamais eu à faire face à autant de changements simultanément. Que faire quand les modèles d’affaires nationaux sont concurrencés par de nouveaux joueurs mondiaux comme Netflix et YouTube. Pour notre discutant académique, une partie de la solution doit être trouvée dans le renouvèlement des offres de services, par des innovations locales et en créant des synergies entre plusieurs acteurs et des alliances notamment pour convaincre les politiques publiques de la nécessité de créer les bonnes conditions de croissances pour l’industrie face à la concurrence mondiale.

Du côté de MPC, racheté par le grand groupe Technicolor en 2004, cela commence avant tout selon Émilie Dussault par une innovation constante de la part des organisations. Dans un univers qui a dû passer de la pellicule au numérique, des techniques d’animation 2D au 3D et qui voit la technologie croitre à un rythme sans précédent, l’innovation dans l’industrie des effets visuels est obligatoire. Pour Technicolor, ce pari semble pour l’instant réussi dans une organisation qui se positionne numéro un en post-production cinématographique, dans les DVD et numéro 2 mondial dans les décodeurs. La firme réussit à tenir ce rythme en investissant continuellement dans la recherche et le développement, en créant des logiciels utilisant les dernières possibilités technologiques, en disposant d’un réseau très connecté de filiales réparties à des endroits stratégiques, et en renouvelant sa base de 40.000 brevets mondiaux par environ 2.000 brevets nouveaux chaque année.

Mais les enjeux et les domaines porteurs de l’industrie évoluent rapidement. Demain, c’est vers la réalité augmentée et les nombreuses nouvelles expériences digitales que se tourne le marché. Et pour Mme Dussault, la gestion des processus créatifs et l’innovation sont devenues des défis incontournables pour toute organisation de l’industrie. Pour elle, MPC, a su tirer avantage d’un beau réseau bien structuré mondialement, qui a réussi à diffuser un langage commun notamment dans les logiques de programmation pour réaliser des percées majeures dans les applications et le développement des logiciels qui supporte son activité. Mais l’organisation bénéficie aussi de nombreux transferts de connaissances entre les employés qui rendent possible le partage des succès et des échecs de chaque projet.

Preuve en est le nombre de contrats que la firme réussit à réaliser avec les producteurs hollywoodiens. Mais aussi le succès de logiciels créés « from the scratch » comme Furtility, logiciel pour créer des fourrures de toutes sortes, Kali qui a été primé pour son réalisme pour effectuer des destructions massives de multiples objets et formes, ou Alice dans la duplication d’éléments qui aura notamment servie pour le film World War Z.

Cependant, l’innovation ne doit pas être cantonnée au domaine de la production et de la création, elle doit aussi se faire dans les outils et les méthodes de gestion. C’est dans cette optique que MPC a développé des outils de gestions virtuels, multi-sites, pour coordonner mondialement l’ensemble de ses activités. La firme a mis en place des outils de gestion de projet collaboratif pour favoriser le travail de chacun de ces collaborateurs, peu importe sa localisation dans le monde, et simplifier le partage de nombreuses informations essentielles.

Finalement, en remontant au niveau de l’industrie dans son ensemble, ces enjeux sont partagés. L’innovation doit trouver les bonnes conditions en organisation pour être captée, mais doit aussi trouver un milieu fertile pour se développer et explorer de nouvelles complémentarités. La force de Montréal de ce point de vue, tient aux complémentarités possibles entre les différents écosystèmes digitaux ou non qui coexistent les uns à côté des autres. Avec les crédits d’impôt, la ville a déjà su développer un environnement attractif. Reste pour Sylvain Lafrance le principal défi de continuer à créer des synergies, des partenariats et des alliances pour assurer la résilience de l’industrie des effets visuels face à la concurrence mondiale!